lundi 19 décembre 2011

Entreprise et contrôle

Sous pression les salariés ? Plus autonomes et responsabilisés mais parallèlement plus observés, évalués, mesurés, sont-ils vraiment libres dans l’entreprise ? Aujourd’hui l’employeur peut tout savoir sur ses salariés.
Le développement de la malveillance et de l’insécurité dans le monde économique ces dernières années et la concurrence de plus en plus vive ont conduit l’entreprise à se protéger et à s’assurer de la performance et de la loyauté de son personnel. Or, le management et les méthodes mis en place peuvent fortement impacter son bien-être, voire sa santé mentale. Dans une culture moderne censée donner plus d’autonomie et de responsabilités, les collaborateurs se trouvent finalement cloisonnés dans des structures normées qui laissent très peu de place à l’initiative et l’imprévu.
Depuis quelque temps les méthodes de management basées sur le contrôle de la performance se multiplient grâce aux nouvelles technologies et au lancement d’outils de plus en plus précis. Il en résulte bien souvent une souffrance au travail et une montée du stress. Cette situation augmente donc les risques psychosociaux et c’est pourquoi de nombreuses réflexions sont menées dans le but de limiter les différentes pathologies qui en découlent. Renaud Muller, auteur avec Pierre Chaudat de Nouvel- les organisations : entre souffrance et performance, développe : «On est sorti du taylorisme mais le contrôle s’opère différemment aujourd’hui. Il est devenu impersonnel et diffus et peut être idéologique. Les personnes se sentent alors contrôlées par leur adhésion ou non au système mis en place. Ainsi, beaucoup de procédures se développent notamment pour adhérer à un système qualité. » Même si on considère souvent que les règles sont faites pour être contournées, un DRH d’une grande entreprise française, voit les choses différemment : « Il est normal que les entreprises contrôlent les collaborateurs qui, souvent, abusent des libertés laissées. J’ai vu deux personnes sortir en même temps des locaux pour fumer une cigarette et abandonner ainsi le standard. C’est inadmissible. »
Alors quelles limites fixer ? Les salariés sont-ils prêts à s’investir dans leur métier quand ils sont soumis à trop de surveillance ? A contrario, trop de laxisme n’incite-t-il pas, peu à peu, à un laisser- aller généralisé ? « L’employeur a souvent le sentiment de gagner plus en contrôlant. Or les outils génèrent des comportements de contournement et le développement de pathologies liées au manque de distance, explique Renaud Muller, Si la personne évolue dans un cadre trop normée, on ne lui permet plus d’exercer son intelligence. Il y a toujours une différence entre le travail demandé et le travail réellement effectué. Il faut laisser aux individus la possibilité de réinventer leur travail.»
La performance est donc de nos jours mesurée, calculée
Sur les ordinateurs, l’employeur peut suivre les temps de connexion et par conséquent le temps de travail probable. Les logiciels de gestion des ressources humaines, plus les bases de données issues des entretiens d’évaluation par les n+1, permettent à l’entreprise d’optimiser la gestion des compétences et des talents. Du coup, les activités des salariés et leurs performances sont de plus en plus surveillées. Les résultats d’un collaborateur sont souvent visibles par son supérieur hiérarchique mais aussi par l’équipe entière. Renaud Muller affirme : « Ces systèmes n’ont pas été conçus pour contrôler mais peuvent être positionné comme tels. Le système peut être culpabilisant et accusatoire.» La plupart du temps, la pression se ressent plus fortement sur les tâches à faible valeur ajoutée qui nécessitent un fort rendement pour être rentables. Ainsi, les personnes qui travaillent dans les centres d’appel sont de plus en plus suivies sur le nombre d’appels traités et la qualité du service rendu. « Depuis 10 ans nos outils de mesure se sont affinés. Nous pouvons mesurer la production et discuter avec chaque collaborateur de l’atteinte des résultats, précise Christophe Collignon, directeur d’IMA technologies. Nos salariés travaillent par téléphone mais également par mails, tchats, ou encore SMS. Ils ont accès à leurs données et peuvent s’évaluer par rapport à la moyenne de production des autres. S’auto-évaluer permet de s’améliorer. Nous avons mis en place un système pour mesurer les compétences et plus le salarié devient efficace plus son salaire augmente. Nous évaluons en permanence mais de façon transparente. Nous sommes dans une logique d’encouragement et non de sanction. » Jean-Claude Casalegno, professeur à HEC, témoigne : « Les processus de contrôle ont augmenté de façon générale. On a vu, par exemple, une explosion du nombre de contrôleurs de gestion. Cela est lié à une perte de valeur ajoutée et à l’exigence accrue des actionnaires. En France, on est marqué par le modèle de la compétitivité par les prix. Peu à peu, nous en sortons en développant l’innovation. » Ainsi la créativité génératrice de compétitivité, comme c’est le cas pour les industries du luxe, pourrait se substituer à la rentabilité par le contrôle.
Une forte pression a également été mise sur les commerciaux pendant la crise
Le nombre d’appels sortants est contrôlé car ils doivent atteindre un objectif de prospection ou d’entretien de clientèle. L’équipement en téléphonie mobile a accru également le stress des commerciaux et des managers. Avec la téléphonie mobile, il est très facile de suivre les salariés dans leur activité. Cette intrusion quotidienne peut être déstabilisante. Les portables, Blackberries ou iPhones permettent de suivre pas à pas les salariés. La limite entre vie privée et vie professionnelle devient de plus en plus ténue ; s’il reçoit un mail ou texto, même tard le soir, de son n+1, le collaborateur se sent implicitement obligé de répondre. Le contrôle devient permanent. De nombreuses entreprises commencent d’ailleurs à mettre en place des règles afin d’interdire l’inflation des mails, notamment après une certaine heure, de façon à limiter la pression provoquée par la trop grande quantité de sollicitations. Autre facteur générateur de stress notamment pour les commerciaux : les véhicules équipés de balises GPS. La géolocalisation soulève de nombreuses questions de respect des droits des salariés. Stéphanie Rousset, directrice de l’Association régionale de l’amélioration des conditions de travail (ARACT d’Auvergne) a été consultée par une fédération de transporteurs routiers sur la mise en place et l’impact de l’informatique embarquée. L’association a ainsi travaillé sur le sujet avec dix entreprises de la région. Les entreprises voulaient localiser en temps réel l’ensemble des camions afin de mieux organiser les tournées et répondre ainsi à la demande des clients dans un délai court. Par ailleurs, elles souhaitaient avoir une meilleure connaissance du temps réel de conduite du chauffeur afin d’optimiser la durée du transport, sachant qu’au-delà de 35 heures de travail, les heures supplémentaires sont comptées et converties en temps de récupération. L’informatique embarquée apparaissait donc comme la solution. Stéphanie Rousset témoigne : « Les chauffeurs ont vu leur culture métier, basée sur l’indépendance, fortement évoluer. Jusqu’alors ils pouvaient se déplacer sans rendre de comptes à l’entreprise à chaque moment de la journée. Ils ont vécu l’introduction de l’informatique à bord des véhicules comme du flicage »(…)
Christel Lambolez publié Septembre 2011 dans revue officeETculture

dimanche 4 décembre 2011

Lancement du 1er Observatoire sur la Santé du Dirigeant

Malakoff Médéric, leader de la protection sociale en France, le Centre des Jeunes Dirigeants, plus ancienne instance patronale de France, et l’Observatoire Amarok, premier observatoire de la santé des dirigeants de PME, lancent une expérimentation inédite sur l’état de santé des dirigeants en France, dans le cadre d’un partenariat sur 3 ans.

Depuis 3 ans, le groupe Malakoff Médéric des études visant à mieux cerner les enjeux et les motivations des différents acteurs (salariés, DRH et chefs d’entreprise), notamment au travers d’une grande enquête annuelle sur les déterminants de la santé des salariés en entreprise, et de l’outil de diagnostic Mesure Management Santé. A travers ce partenariat, Malakoff Médéric réaffirme son ambitieuse stratégie de prévention. En effet, en participant à cette étude qui s’engage sur 3 ans, Malakoff Médéric participe à développer une meilleure connaissance de l’un des acteurs clé de l’entreprise, son dirigeant.

Le CJD, depuis plusieurs années déjà, s’intéresse au stress au travail

Pour Michel Meunier, président du CJD : « Faire de la lutte contre le stress une source de performance et de différenciation, c’est le pari que le CJD relève dès maintenant en prenant totalement en compte ce phénomène dans le cadre de la performance globale que le mouvement défend. Lutter contre le stress, développer la motivation, donner du sens, remobiliser les collaborateurs autour d’un vrai projet d’entreprise, autant de challenges pour que les entreprises retrouvent du sens et de la crédibilité dans l’opinion publique, l’entreprise étant l’un des derniers lieux de partage, d’évolution humaine et culturelle. »

Souhaitant agir de la manière la plus efficace possible, le CJD lance en octobre 2007 une commission nationale chargée de mener une réflexion sur ce thème afin de connaître le coût psychologique pour les individus, et pour les entreprises : désorganisation, baisse de la productivité, atteinte à l’image de l’entreprise, difficultés de recrutement ; mais aussi enjeu économique globale. En 2008, le CJD participe à la commission « Stress au travail » de Xavier Bertrand. En mai 2009, le CJD contribue à la rédaction de « La Charte des bonnes relations humaines dans l’entreprise » initiée par le Ministère du Travail.

Depuis 2009, le CJD a produit différents dossiers, rapports sur le bien-être en entreprise. Actuellement, près de 200 jeunes dirigeants expérimentent dans leurs entreprises les conditions pour favoriser le bien-être dans l’entreprise. Le CJD a publié en 2010 un rapport d’étape sur le bien-être en entreprise, fruit de l’ensemble de ces réflexions et expérimentations La réflexion qui va suivre est celle du bien être du dirigeant, nous nous apercevons en effet que prendre conscience de l’enjeu du bien être de ses salariés vient questionner en miroir le bien être des dirigeants et que cette réflexion, souvent occultée prend tout son sens dans l’observatoire Amarok

Une action pionnière sur la santé des dirigeants : l’expérimentation Amarok


Pas moins en France qu’ailleurs dans le monde, il existe très peu de connaissances spécifiques sur la santé des dirigeants d’entreprise. A l’exception des cadres dirigeants de grands groupes qui sont régis par la santé au travail en tant que salariés, les dirigeants indépendants n’entrent pas dans ce dispositif et sont souvent oubliés des statistiques nationales sur la santé au travail.

A cela s’ajoute l’idéologie du leadership qui interdit trop souvent aux dirigeants de s’épancher sur leur problème de santé. « Je n’ai pas le temps d’être malade » est une réflexion entendue des milliers de fois.

De ce fait, la question de la santé des dirigeants a rarement fait l’objet d’étude approfondie. Pourtant le capital-santé du dirigeant est le premier capital immatériel d’une PME/TPE. Cette vérité, souvent oubliée ou méconnue, est tous les jours vérifiable lorsqu’un dirigeant de PME/TPE souhaite emprunter de l’argent à la banque. La première chose qu’il remplit est… un questionnaire santé !

C’est cette lacune que cette expérimentation souhaite combler. En partenariat avec Malakoff Médéric et le Centre des Jeunes Dirigeants et conduite par l’observatoire Amarok et son président Olivier Torrès, l’expérimentation va s’étendre sur une durée de trois ans, période longue sans laquelle il est difficile de montrer quelque chose de valide sur le plan de la santé.

A cette fin, le CJD va solliciter une cohorte au sein des Jeunes Dirigeants (JD). Parmi eux, 200 volontaires seront sélectionnés de façon aléatoire. Ces JD seront sollicités chaque mois sur la base d’un entretien de 20 mn. Le processus établi respecte des conditions strictes de confidentialités. Chaque participant recevra régulièrement des retours sur le processus expérimental.

Les résultats que l’on va retirer de cette expérimentation dépassent la seule sphère scientifique. Le CJD et Malakoff Médéric sont heureux d’apporter conjointement leur soutien à l’Observatoire Amarok dans le cadre de cette étude innovante et pionnière.

Yann Charron, Directeur Général Opérations de Malakoff Médéric, précise : « cette étude sur l’état de santé des entrepreneurs, conduite avec deux partenaires de référence dans l’univers des PME, s’inscrit dans la stratégie de Malakoff Médéric de promouvoir la prévention santé et de faire de l’entreprise un territoire de santé active ».

Michel Meunier ajoute : « Je serais curieux de connaître les résultats de cette étude pour savoir si d’une part, l’entrepreneuriat était source de « mieux-être », d’autre part, s’il développait des pathologies typiques en fonction de son statut de dirigeant. S’il tel était le cas il faudrait alors adapter une sécurité sociale et des mutuelles en conséquence. Enfin, je me demande si nous découvririons qu’être dirigeant au CJD ce n’était pas tout simplement une forme de « thérapie du bonheur » par rapport à l’isolement dont souffre certains dirigeants-entrepreneurs ».

BIEN ETRE ET PERFORMANCE

Qu’est-ce que le Flow ?
Le Flow est un état émotionnel bénéfique dans lequel compétences et challenges sont en résonance et produisent du bien-être et de la performance.

Comment mettre ses collaborateurs dans le "Flow", cet état de confiance en soi et de plaisir qui génère de la performance ?

Nous vous présenterons la méthode du management par le Flow et ses applications, en particulier dans le domaine des entretiens d'évaluation et de la négociation des objectifs.

Cette approche permet d’aborder de façon innovante l’accompagnement des collaborateurs dans les situations de changement nécessitant une nouvelle façon de se projeter dans le travail (mobilité, repositionnement professionnel, entretien de fin de carrière, réorganisation …)

Parmi les thèmes abordés :
- Les nouvelles visions du travail et du rapport de l'homme au travail.
- Si l'objectif est de concilier performance et bien-être encore faut-il savoir comment.
- Les travaux de M. Csiksezentmihalyi et la boussole émotionnelle.
- Les compétences clés et les facteurs de performance au travail.
- Les principales applications au niveau du management.
-Comment faire l'expérience du Flow dans votre propre entreprise ?