dimanche 15 juillet 2012


Stress au travail

Privilégier la prévention collective

Plus d’un salarié européen sur 5 déclare souffrir de troubles de santé liés au stress au travail. Le phénomène n’épargne plus aucun secteur d’activité. La démarche de prévention collective consiste à réduire les sources de stress dans l'entreprise en agissant directement sur l'organisation, les conditions de travail, les relations sociales…
On parle de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel et les ressources dont elle dispose pour y répondre. Les situations stressantes qui s’installent dans la durée ont toujours un coût pour la santé des individus qui les subissent. Elles ont également des répercussions négatives sur le fonctionnement des entreprises (turnover, journées de travail perdues, perte de qualité de la production, démotivation parmi les équipes…).
Bon stress ? Mauvais stress ?
Selon des idées répandues, le bon stress permettrait aux salariés de donner le meilleur d’eux-mêmes, tandis que le mauvais stress rendrait malade. Il n’y a pourtant scientifiquement ni bon, ni mauvais stress mais un phénomène d’adaptation du corps rendu nécessaire par l’environnement. Il faut en revanche différencier « stress aigu », et « stress chronique » qui ont des effets distincts sur la santé.
L’état de stress aigu correspond aux réactions de notre organisme quand nous faisons face à une menace ou un enjeu ponctuel (prise de parole en public, changement de poste, situation inattendue…). Quand la situation prend fin, les symptômes de stress s’arrêtent peu après.
L’état de stress chronique est une réponse de notre corps à une situation de stress qui s’installe dans la durée : tous les jours au travail, nous avons ainsi l’impression que ce que l’on nous demande dans le cadre professionnel excède nos capacités. Le stress chronique a toujours des effets néfastes pour la santé.

Faire le lien entre stress et travail

Les cas de stress dans l’entreprise sont parfois niés ou attribués uniquement à la fragilité ou à l’inadaptation au poste de certains salariés. Face à des symptômes de stress, il est pourtant primordial de rechercher les liens possibles avec le contexte professionnel. La surcharge de travail, des objectifs insuffisamment définis, des relations difficiles avec la hiérarchie, un manque d’autonomie peuvent être en cause. Si des facteurs de stress liés au travail sont mis en évidence, des mesures de prévention adaptées permettront en priorité de les supprimer ou, au moins, de les réduire.
Stress au travail : le cas d’une salariée dans un service administratif
« Le matin, quand je pense à ce qui m'attend, ça m'affole déjà. Je suis constamment interrompue par des gens qui me demandent des renseignements que je n'ai pas, par des collègues qui rentrent dans mon bureau pour consulter des dossiers. Mon supérieur me pose les dossiers sur la table à 18 heures pour que je les boucle pour le lendemain. Et ce logiciel que je n’arrive pas à faire marcher… Je cours. Je suis fatiguée, je rumine… ».
De quoi s’agit-il ?Cette salariée ne dispose pas des ressources suffisantes pour faire face aux demandes auxquelles elle doit répondre. Elle est dans un état de stress chronique. Les difficultés qu’elle rencontre sont liées à l'organisation et à la nature de son travail.
Que faire ?Les mesures de prévention pourraient ici porter sur une meilleure planification du travail, une organisation permettant de concentrer les demandes de renseignements à certaines heures de la journée, une formation aux outils informatiques utilisés…

Prévenir efficacement le stress

Le chef d’entreprise doit veiller à protéger la santé et la sécurité physique et mentale de ses salariés au travail. Pour remplir cette obligation, il doit privilégier les actions de prévention collective. Celles-ci permettent en effet d’agir sur les causes du stress plutôt que sur ses symptômes. L’INRS propose de mettre en œuvre une démarche de prévention en 5 étapes.
Exemples de mesures de prévention du stress au travail
  • Former l’encadrement aux méthodes de management participatif permettant d’associer les salariés aux décisions les concernant
  • Améliorer la communication concernant les objectifs de l’entreprise
  • Donner la possibilité aux salariés de s’exprimer sur les dysfonctionnements qu’ils repèrent
  • Adapter la charge de travail en fonction des éléments à la disposition des salariés pour effectuer leur tâche
  • Donner la possibilité aux salariés d’utiliser leurs compétences
  • Former le personnel aux nouveaux outils de communication
D’autres types d’actions contre le stress existent, visant à renforcer la résistance individuelle des salariés : gestion individuelle du stress, formation à la gestion des conflits, thérapies cognitives… Leurs effets bénéfiques ne sont cependant que de courte durée si des mesures ne sont pas prises pour limiter les causes de stress.
Mis en ligne le 16 septembre 2011

mardi 3 juillet 2012


Le ministère du Travail délivre des indicateurs de stress

Le collège d'expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux, mis en place au sein du ministère du Travail, rend publique une liste de situations génératrices de mal-être au travail qui constituent autant d'indicateurs de risques psychosociaux.




En 2008, Philippe Nasse et Patrick Légeron remettaient leur rapport sur les risques psychosociaux au ministre du Travail. Ils recommandaient aux services statistiques du ministère du travail (Dares) de prendre en charge l'élaboration des indicateurs de risques psychosociaux. La Dares vient de publier un document qui liste les six dimensions du travail susceptibles de générer de la souffrance mentale.

Les exigences du travail

La notion de "pression" revient régulièrement dans les débats lorsqu'on parle de risques psychosociaux. Près d'un quart des actifs estiment qu'on leur demande, régulièrement ou non, une quantité de travail excessive, surtout les cadres et les professions intermédiaires. Trop de travail qui, par ailleurs, doit être effectué dans des délais de plus en plus raccourcis, estiment près de la moitié des actifs. Certains salariés déplorent également l'éparpillement des tâches : devoir s'interrompre pour passer à une autre activité et penser à trop de choses à la fois.

Les exigences émotionnelles

Le contact avec le public n'est pas un facteur particulier de risques psychosociaux, mais il n'est toutefois pas exempt de tensions : agressions verbales voire physiques, injures, menaces.
Le contact avec la souffrance des autres est en revanche davantage porteur de risques psychosociaux. "Les travailleurs du secteur sanitaire et social, des transports, des banques ou de l'administration déclarent relativement souvent connaître de telles situations émotionnellement éprouvantes..."
Enfin s'il est une émotion porteuse de stress c'est bien la peur. Un actif sur trois connait ce sentiment souvent ou occasionnellement. La peur naît de situations distinctes : peur d'un accident, d'une agression physique ou d'une violence morale.

Le manque d'autonomie et de marges de manoeuvre


Se sentir entravé dans son travail est aussi un facteur de mal-être. Cela va d'un manque de liberté dans l'exécution du travail à l'impossibilité d'organiser son temps de travail et ses pauses. Ne pas pouvoir user de ses compétences ou ne pas pouvoir les développer est aussi source de stress. "La monotonie ou l'ennui excessifs peuvent favoriser des troubles psychiques".

Le manque de soutien social et de reconnaissance au travail


L'individualisation gagne du terrain sur le collectif. Ce phénomène est l'un des facteurs qui explique la progression des risques psychosociaux. Le manque d'entraide et de soutien de la part des collègues et de la hiérarchie sont montrés du doigt.
Le manque de reconnaissance au travail, un sentiment d'inutilité pour certains et, dans le pire des cas, le harcèlement moral contribuent aussi à générer du stress.

Les conflits de valeur


Autre élément à ne pas négliger, les conflits de valeurs. Un tiers des salariés doivent, souvent ou de temps en temps, faire face à des "conflits éthiques entre les exigences professionnelles et les valeurs personnelles ou professionnelles", générant un état de mal-être.

L'insécurité de l'emploi et du travail


Enfin, l'étude souligne la peur de perdre son emploi comme facteur anxiogène. A laquelle il faut ajouter une précarisation croissante des emplois. Les ouvriers de l'industrie sont tout particulièrement concernés.
Soulignons que dans un contexte de report de l'âge de départ à la retraite à 62 ans, 37% des actifs avouaient en 2005 ne pas se sentir capables de faire le même travail jusqu'à 60 ans.