Dépression, stress, surpoids, tabagisme... les entreprises s'impliquent de plus en plus dans la santé de leurs salariés.
Vous n'arrivez pas à maigrir? Vous êtes accro à la cigarette? Pourquoi ne pas vous tourner vers votre patron pour remédier à cela. Les entreprises ne se préoccupent plus seulement de la santé psychique des salariés: elles sont de plus en plus nombreuses à proposer différents programmes de remise en forme passant de la lutte contre l'obésité à l'arrêt du tabagisme. "Les ressources humaines ont pris conscience de l'intérêt d'avoir du personnel en bonne santé, car ceux-ci sont demandeurs de ce bien-être au travail aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'entreprise", explique Corinne Letheux, médecin conseil duCisme.
Et visiblement cela plaît: d'après un sondage BVA pour la sociétéProtéines, 70 % des personnes interrogées se déclarent satisfaits de cette démarche. Le programme "Santal" mis en place en 2002 par le site PSA Peugeot-Citroën de Rennes en est la parfaite illustration. "Avec Santal, l'offre alimentaire sur le site a été élargie pour proposer de nouvelles recettes plus équilibrées. Les sandwichs sont moins gras qu'auparavant et les salariés en surpoids bénéficient d'un bilan nutritionnel et d'un suivi individuel par une diététicienne. 84% des salariés concernés ont perdu près de 4 kg", atteste Nicolas Brosset médecin du travail du groupe PSA Peugeot Citroen.
Les consultations diétitiques ont la cote
Si le phénomène n'est pas tout nouveau, le mal-être chezFrance Télécom et la mise en avant des risques psycho-sociaux ont contribué à l'amplifier. "400 de nos employés ont accepté notre programme "Mieux vivre" qui propose de suivre un accompagnement personnel et gratuit avec un diététicien. Ceux-ci peuvent bénéficier cinq consultations pour l'ensemble du programme afin d'améliorer leur équilibre global et prévenir les risques psycho-sociaux", explique Estelle Bécuwe, en charge du service responsabilité d'entreprises du groupe Axa France.
La plupart des employés se retrouvent même face à des services auxquels ils n'auraient jamais pensé faire appel en temps normal. "Les salariés sont très friands de consultations diététiques. Les gens y obtiennent des réponses à leurs questions: qu'est-ce que les omégas 3 ou comment arrêter de fumer sans grossir", précise Raphael Gruman, directeur de la société Dietatwork. Si l'initiative provient majoritairement des employeurs, les salariés saluent leurs efforts: selon le site tabac-info-service, un pourcentage croissant d'employés -jusqu'à 12%- profitent de chaque campagne de sevrage au tabac lancée par leur entreprise pour arrêter du fumer.
Les entreprises ont tout à y gagner
Les employeurs font preuve d'altruisme certes, mais ce n'est pas gratuit. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les programmes d'activité physique au travail peuvent réduire de 32% les congés maladie et donc conduire à une économie de 250 euros par salarié et par an. Ces mesures permettent également des rendements plus importants puisqu'un employé physiquement actif est 12% plus efficace qu'un sédentaire.
Idem pour les fumeurs: selon une étude de l'institut CSA santé publiée en 2009 une personne habituée à fumer un paquet par jour prend huit pauses quotidiennes ce qui représente près de 80 minutes. Sans compter les problèmes de concentration et les arrêts maladie (19% pour les fumeurs dans les 6 derniers mois contre 11,5% pour les autres). "Les problèmes de santé des salariés ont une répercussion directe sur leur entreprises car ils entraînent l'absentéisme. Ces services permettent aux employés de se sentir plus concernés par leur travail et donc plus productifs" explique Raphael Gruman de la société Dietatwork.
S'occuper de la santé de ses salariés peut également avoir un impact bénéfique à l'extérieur de l'entreprise. Selon le baromètre BVA pour la société Protéines, 73% des gens interrogés se disent plus enclins à acheter les services d'une société sachant qu'elle se préoccupe du bien-être de ses troupes. Un chiffre qui montre que les entreprises efficaces dans ce domaine voient indéniablement un retour sur investissement. "Une entreprise qui veut durer dans le temps doit savoir s'occuper de la santé de ses salariés sinon elle va voir flamber le turn-over et la démotivation", ajoute Nicolas Brosset. Ces actions renforcent même le sentiment d'appartenance des salariés. "En multipliant les programmes, on peut générer plus de relations positives avec son employeur. Et c'est un facteur de fidélité à l'entreprise", soutient Estelle Becuwe.
Seul hic: ces mesures s'appliquent en priorité aux salariés de grands groupes à l'instar de Danone, Nike ou Apple plus enclins à mettre la main au portefeuille. "Les campagnes de santé comme cela sont très rares dans les TPE-PME" affirme Corinne Letheux. En attendant, il reste toujours la bonne vielle tactique de marcher plus pour se rendre au travail et des patchs pour arrêter la cigarette.
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