lundi 16 janvier 2012

Stress au travail: les dirigeants en première ligne


Après des mois de travaux, le groupe de travail constitué par le think tank Entreprise et Progrès pour réfléchir à la prévention des risques psychosociaux livre ses conclusions. Cette task force emmenée par Emmanuel Fourest, ex-DRH de Dupont de Nemours et patron du cabinet de conseil RH Efilia, a fait plancher une douzaine de consultants, dirigeants d'entreprise et professionnels des ressources humaines. Dont Hervé Jeanson, DG d'Edened, Stephen Rolland, DRH adjoint de Carglas, ou encore Rémi Duriez, responsable du développement et de la communication RH chez Bongrain. À contrecourant de la stratégie des ratios, qui consiste à empiler les indicateurs de stress, ils prennent le parti de considérer la santé au travail sous un angle résolument positif, préférant traiter de «bien-être au travail» plutôt que de risques psychosociaux.
« Une politique de bien-être ne peut se contenter d'écarter les risques psychosociaux. Elle doit entraîner une réflexion d'ensemble, en profondeur, sur la place de l'homme au sein de l'entreprise et non des mesures éparses qui se limitent parfois à un marketing RH ou à une exaltation d'une ambition de succès économique», explique Emmanuel Fourest. Entreprise et Progrès, généralement peu enclin à ronronner dans le politiquement correct, prévient : «Le bien-être ne se décrète pas. » II ne s'obtient pas à coup de contrats avec des cabinets spécialisés dans l'écoute, mais suppose des stratégies courageuses. Entre autres : tourner le dos à la dictature du court terme, susceptible de «détruire la communication entre les collaborateurs et d'aboutir à une ambiance de travail exécrable». Ce club de dirigeants, dont la devise est de « mettre l'homme au coeur du projet de l'entreprise et l'entreprise au coeur de la cité », place les chefs d'entreprise en première ligne. Il leur revient A'«affaiblir les tensions négatives». «Le dirigeant a
un rôle central. Il est un leader. Et le leader n 'est pas celui qui déploie des programmes, mais le porteur de conversations courageuses. » Exit le patron « prédateur », magnifié dans la littérature. Adieu, le management par la peur. Une méthode qui,
même non intentionnelle, «découle souvent de l'incompétence plus que de la perversité ». Il faut aussi en finir avec les pseudo ruses juridiques utilisées pour contourner la procédure formelle de licenciement.Tout en soulignant la rigidité du droit du travail, Entreprise et Progrès condamne la technique qui consiste à « tout faire pour que le salarié parte de lui-même». Que ce soit pour minorer le coût financier de la séparation, ou pour préserver l'image de l'entreprise de la publicité d'un licenciement emblématique. Éviter ces postures pour favoriser le dialogue permettrait, selon Entreprise et Progrès, de faire en sorte que les salariés viennent travailler en sifflotant.

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